Le transport maritime dans l’espace de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) compte beaucoup pour les pays de la sous-région. Mais ce secteur est confronté à plusieurs difficultés d’ordre sécuritaire et d’harmonisation des taxes douanières. Monsieur Adébayo Samson Balogoun est le directeur des transports au sein de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Il nous parle dans cette interview des mesures mises en œuvre pour trouver des solutions à tous ces problèmes.
Quel est l’état de la coopération entre les pays membres de l’Uemoa en matière de transport maritime ?
Il existe une coopération étroite entre la Commission de l’Uemoa et les Etats à travers le programme régional de transport maritime. Ce programme permet d’échanger sur l’ensemble des actions à mener pour pouvoir assurer le développement du transport maritime. Ce secteur est très important pour nous, il permet d’échanger avec l’extérieur et de renforcer les échanges avec les pays de l’hinterland parce que trois (03) pays de l’hinterland de l’espace Uemoa passent par les pays disposant la mer pour effectuer le commerce international. Donc, on peut dire que c’est un lieu d’échanges, de brassage et de coopération entre les pays de l’hinterland et les Etats côtiers en ce qui concerne le développement du transport maritime et portuaire.
Quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontés les pays de l’Uemoa dans le domaine du transport maritime ?
Les problèmes sont nombreux et il faut que les défis soient relevés, c’est pourquoi le programme est prévu pour être mis en œuvre. En matière de défis, nous avons la modernisation des ports pour qu’ils puissent assumer leur rôle en termes de trafic. Nous avons aussi les problèmes de passage portuaire c’est-à-dire le temps que les gens mettent au port pour pouvoir échanger les marchandises. Si un client doit passer un (01) mois voire trois (03) semaines au port pour sortir les marchandises du port, cela devient un véritable problème surtout lorsqu’il s’agit des produits périssables. Il y a aussi le problème du coût qui est élevé à comparer avec ce qui se passe ailleurs. Lorsqu’une marchandise quitte ici pour aller en Chine coûte plus cher que lorsqu’elle quitte la Chine pour ici. Il s’agit maintenant d’identifier les goulots d’étranglement et les obstacles qui font que nous avons des coûts élevés dans notre espace.
Est-il possible aujourd’hui d’harmoniser les taxes douanières au niveau des ports de l’espace Uemoa ?
La chose est possible. Si nous faisons un éventaire pour connaitre les problèmes, on pourra proposer aux Etats, après une étude approfondie, d’harmoniser les coûts en tenant compte de la souveraineté de chaque Etat en ce qui concerne les questions de taxes et de fiscalité. Nous pouvons aussi accompagner ce sujet par des conseils et amélioration.
Y aura-t-il une solution spéciale pour les pays de l’hinterland ?
Les pays de l’hinterland sont aussi membres de la communauté portuaire. Ils siègent au conseil d’administration des ports. La coopération est très forte entre les pays côtiers et ceux de l’hinterland. Donc, ces derniers bénéficient de nombreux avantages pour leur faciliter le transport de leurs marchandises.
Les pays côtiers de l’espace Uemoa sont aujourd’hui confrontés au phénomène de la piraterie maritime. Quelles sont les solutions envisagées par l’Uemoa ?
Il faut dire que la Commission de l’Uemoa est très préoccupée par la question de la piraterie maritime dans son espace et souscrit aux actions au niveau international. Il existe des zones de sécurité et la Commission de l’Uemoa a pour mission d’accompagner les Etats à assumer leur rôle au sein de ces zones maritimes. Nous veillons pour que tous les textes règlementaires sur le plan international soient appliqués au niveau de chaque Etat.
Les Etats de l’Uemoa disposent-ils des moyens pour affronter la piraterie maritime ?
Non, un seul Etat ne peut pas jouer ce rôle. Il faut la coopération entre les Etats y compris les pays de l’hinterland car la piraterie a un impact négatif sur le transport maritime et c’est pourquoi il faut mobiliser tous les moyens pour enrayer définitivement ce fléau.
Propos recueillis par Jean-Discipline Adjomassokou