Le désœuvrement et le manque d’activité peuvent donner des idées à certaines personnes. Ainsi, plusieurs jeunes de Cotonou s’adonnent à une nouvelle activité. Il s’agit du ramassage et de la vente du sable de rue.
Aziz, Akim et Abdoul sont comme plusieurs jeunes de Cotonou à se livrer quotidiennement au ramassage et à la vente de sable de rue. Munis de pelles, de balais et de sacs, ces trois jeunes prennent d’assaut tôt chaque matin les routes de Gbèdjromédé, de Sainte Rita, de Wologuèdè ou de Vêdoko à la recherche du sable qui servira par la suite à la vente. Ce sable est versé sur les routes bitumées et en pavés par les camions sabliers par l’effet du vent. Il provient également des rues non goudronnées ou non pavées. Les jeunes le ramassent, le mettent dans des sacs en plastique destinés par la suite à la vente. Le sable est vendu dans des sacs de 50 kg à 250 F ou 300 FCFA, selon le client. Les clients s’en servent aussi pour les travaux en maçonnerie ou pour le remblai des zones marécageuses. Ces derniers ne sont plus obligés d’acheter du sable d’un camion dont le prix n’est plus à la portée de tout le monde avant d’exécuter leurs travaux. Parmi ceux qui ramassent le sable, il y en a qui préfèrent l’utiliser pour leurs besoins et non de le vendre.
« Nous n’avons pas d’argent pour satisfaire nos besoins, c’est pourquoi nous avons choisi le ramassage du sable », a déclaré Abdoul, le plus âgé des trois garçons. « Parfois, nous faisons une recette de 5 000 FCFA par jour », a ajouté Akim, le plus jeune. « Nous remettons 2 000 FCFA à nos parents et nous nous partageons le reste. Ainsi, nous achetons des habits et des chaussures et l’argent remis à nos parents sert à soulager le foyer», a fait savoir Aziz.
Les trois jeunes garçons commencent leurs activités à 9h du matin pour en finir à 18h du soir pendant les vacances. Les périodes des classes, ils travaillent les mercredis après-midi et les samedis. Les clients les connaissent et font parfois des réservations de sable. Certains clients viennent soit avec des pousse-pousse, des tricycles ou avec des voitures pour recevoir leurs marchandises. Les trois jeunes gens estiment que c’est une bonne activité puisqu’elle leur permet d’éviter le désœuvrement, la délinquance et de soulager les parents qui n’ont plus assez de moyens pour subvenir entièrement à leurs besoins. « Certains nous regardent comme des nécessiteux, mais nous savons que c’est une activité rentable puisque nous n’achetons pas le sable avant de le vendre », a ajouté Abdoul. Ces jeunes comme bien d’autres parviennent à débarrasser les routes de Cotonou des ordures et autres déchets avant de ramasser le sable qui est destiné à la vente. Aziz, Akim, Abdoul et bien d’autres jeunes contribuent à l’assainissement des rues de Cotonou qui sont depuis quelques temps confrontées à des problèmes d’insalubrité.
Jean-Discipline Adjomassokou