L’artiste chanteur de la rumba congolaise Koffi Olomidé est au Bénin pour verser des larmes de crocodile sur les tombes des Béninois morts lors de son dernier concert au Stade de L’Amitié de Cotonou le 03 mai 2003. La présence de cet artiste encore au Bénin est purement et simplement une autre insulte infligée encore au peuple béninois 20 ans après le drame.
Koffi Olomidé est un artiste congolais que les mélomanes béninois ont adopté depuis les années 80 lorsqu’il lançait sur le marché son style ‘’Tchatcho’’. Il avait toujours eu l’occasion de se produire au Bénin en spectacle privé pour certaines personnalités ou en spectacle public pour tous ses mélomanes sans anicroches. Dans tous les milieux béninois, Koffi Olomidé était toujours en tête des artistes congolais adulés par le public. Mais le spectacle du samedi 03 mai 2003 au Stade de l’Amitié de Cotonou a été fatal pour les Béninois. 17 spectateurs dont des enfants ont perdu la vie dans une bousculade à l’entrée du stade. On y comptait aussi de nombreux blessés. Un véritable deuil qui avait frappé le Bénin. Mais le drame n’avait pas empêché Koffi Olomidé de dérouler tranquillement son spectacle avec ses musiciens jusqu’à la fin. Aujourd’hui, certains individus malintentionnés publient des informations pour tordre le cou à la vérité et pour disculper totalement Koffi Olomidé dans ce drame. Pour quelles fins ? Nul ne le sait. Ils propagent des mensonges pour blanchir l’artiste congolais. Mais ils ignorent qu’il s’agit de la vie humaine et le drame avait tué 17 Béninois dont des enfants. Ces derniers ne sont plus vivants pour réaliser leurs ambitions et leurs rêves. La douleur est toujours vive dans le cœur des parents des victimes et dans le cœur de tous ceux qui avaient assisté à la scène macabre de cette soirée. L’on n’a pas besoin d’avoir des parents parmi les victimes avant d’affirmer qu’il s’agissait d’une scène d’horreur vécue par les Béninois. Il est plutôt indispensable de rétablir la vérité sur ce drame du samedi 03 mai 2003.
Les faits
Le samedi 03 mai 2003, l’artiste congolais de la rumba Koffi Olomidé donnait une fois encore rendez-vous à ses mélomanes béninois au Stade de l’Amitié de Cotonou pour un géant concert. Ce spectacle était sur toutes les lèvres car dans les interviews, Koffi Olomidé promettait un show exceptionnel à son public de Cotonou et environs. Le spectacle musical était organisé par Magloire Agbalè, un promoteur expérimenté bien connu de tous les Béninois surtout du showbiz. Il avait pris toutes les dispositions comme à l’accoutumée pour assurer un meilleur spectacle. A 20h, le public était venu nombreux, mais le stade n’était pas plein. Quelques entrées seulement étaient laissées ouvertes pour accéder dans les tribunes. Mais au-dehors, le monde était immense pour entrer dans les tribunes. Les pickpockets s’étaient infiltrés dans les rangs pour dérober certains biens précieux des spectateurs. Ils provoquent la bousculade à l’une des entrées du stade. Les policiers étaient débordés. La bousculade continuaient davantage, les cris stridents des uns et des autres appelant au secours ne pouvaient rien. Certains s’écroulaient, d’autres se retrouvaient avec des habits déchirés. Des corps s’allongeaient au sol que les gens piétinaient sans gêne. Le calme a fini par arriver. On observait des gens en pleurs intenses parce qu’ils ont déjà perdu certains des leurs, les corps étaient inanimés. A l’intérieur, les musiciens de Koffi Olomidé étaient sur le podium pour effectuer les derniers réglages. Koffi Olomidé se trouvait encore au Marina Hôtel (ex Sheraton Hôtel). Il ne savait rien encore du malheur que son spectacle produisait au stade de l’Amitié. Mais l’équipe qui était venu le chercher à l’hôtel l’a informé du drame. Il était resté froid et insensible aux faits qui lui ont été relatés. Arrivé au Stade de l’Amitié au-delà de 21h, le promoteur du concert lui souffle à l’oreille que des spectateurs viennent de mourir dans une bousculade en tentant d’entrer dans le stade. Un membre de l’équipe d’organisation a aussi fait de même. Koffi Olomidé était indifférent à l’information. Il démarre son concert jusqu’à la fin sans même adresser un petit mot de compassion à l’endroit des victimes. Il était retourné à l’hôtel comme si de rien n’était. Il était tout le temps gai, joyeux et très heureux comme un héros qui venait de remporter une victoire à une guerre effroyable. Avec ses collaborateurs et musiciens, Koffi Olomidé n’abordait pas le sujet, ce n’est pas son problème. L’organisateur était dans tous ses états. Il ne se maitrisait pas face à l’incident. Il ne comprenait pas comment ce concert minutieusement préparé pouvait arracher 17 vies humaines parmi ses compatriotes. Il était inconsolable. Le lendemain matin, Koffi Olomidé recevait à l’hôtel une équipe de la Radio Nationale (Ortb) pour exprimer ses sentiments sur le drame de la veille. Koffi Olomidé, très orgueilleux et arrogant déclare qu’il ne se sentait pas concerné par la mort de ces spectateurs béninois et que ceux qui sont décédés sont des inconscients, des naïfs, des irresponsables qui ne savaient pas pourquoi ils étaient venus à son concert et que lui, Koffi Olomidé, n’avait rien à foutre de leur mort. Cette interview, à la diffusion dans le journal parlé de la mi-journée, avait provoqué un tollé général dans le pays. Plusieurs mélomanes très révoltés par les propos de l’artiste s’étaient rendus massivement à l’hôtel pour lui rendre des comptes. Malheureusement, Koffi Olomidé avait miraculeusement disparu de l’hôtel et même du pays avec ses musiciens. Le mécontentement était général. Personne ne tentait de défendre Koffi Olomidé pour ses propos insolents et irrespectueux à l’égard des personnes décédées à son concert. Le promoteur était seul face aux dégâts créés par les propos de Koffi Olomidé. Le gouvernement béninois dirigé à l’époque par le Général Mathieu Kérékou, très déçu, avait alors décrété trois jours de deuil national en la mémoire de tous ceux qui avaient péri dans ce drame. Pour calmer les esprits, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) avait pris une décision pour interdire la diffusion des œuvres de Koffi Olomidé sur toutes les radios et télévisions et de publier des articles sur lui dans la presse écrite au Bénin. Dans la même semaine, l’animateur vedette de ‘’Couleurs Tropicales’’, Claudy Siar, de Radio France Internationale (Rfi) avait consacré une émission entière au drame de Cotonou au cours de laquelle il qualifiait l’attitude de Koffi Olomidé d’inadmissible et d’intolérable. Il ne comprenait pas cette arrogance de Koffi Olomidé face à cette dure épreuve du peuple béninois. Claudy Siar estimait qu’il s’agissait d’un comportement irresponsable et irrespectueux de l’artiste congolais.
Le long silence de Koffi Olomidé
Après le drame de Cotonou, Koffi Olomidé était rentré à Kinshasa en famille sans aucune inquiétude. Il s’était mué dans un silence incompréhensible et indescriptible face à la situation. Il avait repris ses activités sans se renseigner sur le sort des cadavres engendrés par son concert du 03 mai 2003 à Cotonou. Il avait déjà encaissé son cachet et menait sa vie en toute tranquillité parmi les siens. Sa conscience ne lui reprochait absolument rien et ne faisait rien non plus pour se souvenir de son passage à Cotonou. Koffi Olomidé se produisait régulièrement partout sur toutes les scènes sans même exprimer ses remords sur le drame. Il se rendait aussi dans les villes comme Lomé, Abidjan, Niamey, Ouagadougou, Dakar, Bamako, des capitales proches de Cotonou, sans jamais adresser une petite phrase pour parler de ce drame. Il avait à un moment donné souhaité revenir à Cotonou pour d’autres concerts croyant que les Béninois avaient oublié l’incident. Ses contacts ont opposé une fin de non-recevoir. Personne ne voulait prendre cette responsabilité au Bénin. En novembre 2020, soit plus de 17 ans après le drame, Koffi Olomidé publie dans les réseaux sociaux une courte vidéo dans laquelle il reconnait avoir été bel et bien informé à l’hôtel de la mort de 17 spectateurs à son concert. Il disait qu’il était prêt à revenir à Cotonou pour se prosterner sur les tombes des victimes du drame. Il n’a pas toujours reconnu avoir tenu des propos blessants et insultants vis-à-vis des victimes et du peuple béninois.
Koffi Olomidé, un homme controversé
De son vrai nom Antoine Christophe Agbepa, Koffi Olomidé est né le 13 juillet 1956 à Kisangani en République démocratique du Congo. Depuis toujours, il n’a d’égard pour personne, ni pour sa famille, ni pour ses aînés et ses collaborateurs. Il est toujours dans la provocation et à couteaux tirés avec tout le monde. Sa vie est chaque fois émaillée de scandales à scandales à n’en plus finir. Le départ d’un musicien de son groupe est souvent une source de rancune qu’il développe sans cesse. Il n’a jamais digéré le départ de l’artiste Suzuki 4X4 et d’autres musiciens pour aller former Quartier Latin International. Ne lui parlez pas de Fally Ipupa. Il vous dira qu’il ne le connait pas. Il est jaloux du succès de ce dernier dans le monde. Il n’accepte pas que Fally Ipupa qui a passé plusieurs années à ses côtés puisse connaitre aujourd’hui une popularité grandissante qui sort de l’entendement de Koffi Olomidé. Papa Wemba était la bête noire de Koffi Olomidé. Le chef du village Molokai était non seulement un grand frère de plusieurs années de Koffi Olomidé, mais aussi une icône et un modèle à tel point que Koffi lui remettait quelques compositions à interpréter et qui finissaient par avoir des succès. Papa Wemba ne manquait jamais de témoigner de sa reconnaissance à son jeune frère Koffi Olomidé. Mais ce dernier n’acceptait plus que Papa Wemba remportait des lauriers grâce à certaines de ses chansons. Koffi Olomidé profitait de toutes les occasions pour dénigrer Papa Wemba à travers des propos humiliants et dégradants. Les réconciliations n’ont été que de courte durée. Même l’album ‘’Wake up’’ réalisé en commun sur l’initiative de Koffi Olomidé n’a jamais réussi à apaiser la tension entre les deux hommes. Beaucoup de personnes avaient conseillé Papa Wemba de s’éloigner de Koffi Olomidé parce qu’il développait à son égard des comportements nuisibles. La situation est demeurée ainsi jusqu’à la disparition brutale de Papa Wemba sur la scène du Femua à Abidjan le 24 avril 2016. Koffi Olomidé avait précipitamment réalisé une chanson et un clip en hommage à son grand frère Papa Wemba afin de démontrer à la face du monde qu’il était meurtri par la mort de son ancienne idole. Il coulait les larmes de crocodile dans le clip. Erreur. La famille de Papa Wemba a vite décelé le plan de Koffi Olomidé et lui a formellement interdit d’assister aux obsèques de Papa Wemba. Un jour, à Kinshasa, il n’a pas hésité à brutaliser un promoteur de spectacle sous prétexte qu’il lui devait de l’argent. Koffi Olomidé a été présenté devant la justice pour ce comportement hors du commun pour un artiste de son rang. Ses danseuses non plus n’ont pas cessé de l’accuser de violence et de viol. Il avait été également traduit devant les tribunaux français. La scène la plus pathétique était celle qui s’était produite il y a à l’aéroport international Jomo Kenyatta de Nairobi au Kenya. Koffi Olomidé y débarquait avec ses musiciens et ses danseurs et danseuses pour un concert dans la capitale kenyane. Devant tous les passagers et le personnel de l’aéroport, Koffi Olomidé assénait de violents coups de pied à l’une des danseuses jusqu’à la faire tomber. Une humiliation à cette jeune dame qui, selon Koffi Olomidé, aurait dérobé un téléphone mobile à l’un de ses musiciens. Il a fallu l’intervention de la police kenyane pour interrompre la sauvagerie de Koffi Olomidé sur la jeune femme. Du coup, il était immédiatement expulsé et interdit de séjour au Kenya.
Le retour de Koffi Olomidé, une véritable injure
Koffi Olomidé a une moralité douteuse. Il n’a aucune émotion à l’annonce de la mort d’un ami ou d’un proche à lui. Il aime uniquement sa personne et l’argent. Les autres ne comptent pas pour lui. Il est un homme grossier et imbu de sa personne. Sinon, après le drame de Cotonou le 03 mai 2003, il pouvait de Kinshasa adresser un message de condoléances aux familles des victimes, organiser des messes œcuméniques, des cérémonies traditionnelles avec les milliers de Béninois vivant dans son pays et le soutien de l’ambassade du Bénin près la RDC. Koffi Olomidé a simplement ignoré le Bénin et les Béninois pendant une vingtaine bonnes années sans aucun signe et sans un geste de compassion, et brusquement il surgit par surprise à Cotonou dans l’intention de faire la paix avec la complicité de certains Béninois mal inspirés. Ce scénario d’un film hindou est de mauvais goût. Le Bénin est un pays respectable qui mérite mieux que Koffi Olomidé qui n’a cure de rien toujours prêt à marcher sur des cadavres pourvu que son cachet soit préservé. Quelle moralité pour un artiste pétri de talents, mais dont les réactions déroutent plus d’un ? Il est venu pour assister à une messe d’église, à une messe musulmane, faire un dépôt de gerbe de fleurs sur la tombe d’un inconnu en signe d’hommage aux victimes de son concert et partager un maudit repas avec certains qui se présentent comme les parents des victimes et après il faut tourner la page du concert du 03 mai 2003. C’est facile et humiliant face à l’ampleur du drame et surtout face aux vingt années de silence de Koffi Olomidé. C’est insultant, une insulte inqualifiable, mais ce n’est pas surprenant lorsqu’on se fait appeler Koffi Olomidé.
Jean-Discipline Adjomassokou