Le Sodabi est une boisson alcoolisée d’origine béninoise de fabrication artisanale très prisée dans tous les milieux et dans toutes les contrées du Bénin. Le Sodabi s’est imposé aussi dans certains pays de la sous-région ouest africaine comme le Nigeria, le Togo, le Ghana et le Burkina Faso. Il a fait une pénétration depuis quelques années au Cameroun, au Gabon et au Congo où il a pris une autre appellation.
Au Bénin, le Sodabi est depuis des lustres devenu la liqueur la plus consommée devant le Whisky, le vin, le Champagne etc. qui sont des produits importés de l’Occident. Le Sodabi est obtenu à partir du vin de palme après une longue préparation au feu jusqu’à atteindre un certain degré. Le Sodabi rythme la vie de chaque citoyen et participe à l’animation des manifestations culturelles, religieuses, rituelles, traditionnelles etc. Tous les quartiers de ville ou tous les villages enregistrent toujours toute une pléiade de kiosques spécialisés dans la vente de Sodabi. La consommation de cette boisson alcoolisée est aujourd’hui à grande échelle. Lorsque quelques personnes se regroupent à un endroit, la bouteille de Sodabi y trône allègrement. Il n’existe pas au Bénin de manifestations de réjouissances ou de deuil où la boisson préférée des Béninois c’est-à-dire le Sodabi ne coule pas à flot. Lors des cérémonies de mariage, de baptême, de dot, de joie, de libation pour les ancêtres et les divinités, le Sodabi est obligatoire sollicité pour authentifier les manifestations.
Le Sodabi, la boisson préférée des Béninois
Au départ, cette boisson n’était pas du tout acceptée pendant la période coloniale. Sa production, sa commercialisation et sa consommation étaient interdites par l’administration coloniale qui la qualifiait de poison pour la population dans le seul but de faire écouler les liqueurs occidentales sur le territoire colonial. Tous ceux qui étaient surpris en possession de ce produit faisaient l’objet de bastonnade et étaient jetés en prison sans ménagement. Cette guerre contre le Sodabi s’était poursuivie même après l’indépendance par les nouveaux dirigeants du pays. Les consommateurs se cachaient pour s’abreuver et s’offrir leurs plaisirs. Mais le Sodabi a la peau dure et a fini par s’imposer à tout le monde jusqu’à être plus accessible à toutes les catégories sociales du pays. Les hommes, les femmes, les jeunes, les intellectuels ou non et même les étrangers s’y adonnent avec fierté. Aujourd’hui, le Sodabi est disponible dans tous les coins de rue, dans les maisons, les marchés, les supermarchés, les bars, les restaurants et les boites de nuit. Certaines personnes mettent la bouteille de Sodabi dans leur voiture ou au bureau pour en avoir rapidement à portée de main. Le Sodabi est consommé de manière simple ou en y ajoutant des racines et des écorces d’arbre ou des épices de cuisine comme l’ail, le gingembre etc. pour entretenir son organisme et renforcer sa libido. La popularité de cette boisson a conduit certains artistes musiciens à composer des chansons pour louer ses merveilles. Au milieu des années 80, l’artiste béninois Gnonnas Pedro a sorti une chanson pour dire qu’il n’existe pas une boisson meilleure que le Sodabi sur la terre juste non seulement pour qualifier cette boisson, mais surtout pour exhorter les populations à consommer local.
Le manque d’encadrement des producteurs, l’inexistence d’une politique conséquente de développement du secteur a occasionné la production du Sodabi frelatée par certains individus et des commerçants véreux sans foi ni loi qui ne visent que le gain facile en endommageant la santé de leurs concitoyens. Même si quelques personnes ont pris la peine d’installer au Bénin quelques unités de production du Sodabi de qualité, il est impérieux que cette boisson tant adorée et tant consommée soit l’objet d’une labellisation pour lui permettre une reconnaissance nationale et internationale.
Les avantages de la labellisation
La labellisation est une reconnaissance qui permet à un produit d’être visible. Elle confère au produit une qualité acceptée par tous. C’est une occasion pour les investisseurs de s’intéresser à l’activité, de l’organiser et de la structurer. L’Etat dans ce cas mettra en place le cadre législatif et règlementaire pour protéger le produit. Le label est une assurance de crédibilité et de qualité du produit. C’est aussi un élément de différenciation entre la qualité et la contrefaçon car le produit labellisé est identifié par un logo qui permet aux consommateurs d’éviter de se tromper sur la qualité. Un soin particulier est apporté au produit pour bénéficier de l’attention des clients. Ainsi, une concurrence s’installe au sein des entreprises qui produisent le produit et le Sodabi frelaté n’aura plus droit de cité. Le Sodabi a déjà la chance d’être suffisamment connu et consommé par toutes les couches du Bénin et même du Togo, du Nigeria et du Ghana. Les entreprises se lanceront dans la création de milliers d’emplois et de ressources pour le Bénin. Le Sodabi labélisé fera l’objet d’une exportation vers d’autres pays pour rivaliser avec les grandes liqueurs dans les grandes surfaces commerciales. Le Sodabi made in Benin s’imposera à la face du monde pour le rayonnement de cette richesse tant adorée. Il revient alors aux autorités béninoises d’agir.
Jean-Discipline Adjomassokou