L’artiste plasticien et performeur béninois Éric Médada a exécuté dans les rues de Lomé, une performance artistique dénommée : « Maintenant, le futur ». C’était dans le cadre d’une nuit blanche organisée par l’espace culturel FIÔHOMÊ de Lomé au Togo.
C’est sur une distance d’un kilomètre environ que l’artiste béninois Éric Médada a trimbalé, torse nu, pieds nus, la masse de longues chaînes métalliques pour présenter devant le public togolais, sa création. A travers ce projet, Éric Médada invite la jeunesse africaine à une prise de conscience et lui rappelle que le développement du continent noir reste la responsabilité des Africains. Sur son trajet, l’artiste a observé quelques arrêts. Selon Éric Médada, l’exécution du présent projet a connu trois principales étapes.
Dans un premier temps, l’artiste a, à travers le déploiement de toute son énergie, tracté les chaînes métalliques sur tout le trajet. Douleurs, sueur, et fines blessures étaient perceptibles sur le corps de l’artiste. A cette étape selon lui: « Je ne montre plus la souffrance dans les chaînes, mais plutôt la vaillance, l’espoir et le mental de nos ancêtres qui ont pu faire le combat jusqu’à la fin de la traversée et même dans les champs de canne à sucre ». La deuxième partie de la présentation de l’œuvre de Éric Médada symbolise la conquête de la liberté. « C’est l’étape où nos ancêtres ont à nouveau engagé le combat de quitter les chaînes et de revendiquer leurs droits en tant qu’humain, de montrer leur ingéniosité. Ce qui n’est plus à démontrer », selon l’artiste. Au cours de la troisième partie de cette création, l’artiste plasticien béninois fait un arrêt, se libère des chaînes. Ensuite, il exerce des pressions de pied sur les chaînes.
A travers ces mouvements, Éric Médada entend détruire les barrières invisibles et sortir la jeunesse africaine de cette myopie intellectuelle qui entrave l’émergence du berceau de l’humanité. « Reconnaître et briser les chaînes d’aujourd’hui qui nous empêchent, nous, la nouvelle génération et de savoir que l’Eldorado n’est nulle part ailleurs que là où nous sommes », a précisé Éric Médada. Par ailleurs, l’artiste béninois ajoute que : « La mémoire de ce qu’ont vécu nos ancêtres reste pour le peuple africain, un héritage moral. Mais rester éternellement figer dans les douleurs comme à une époque passée, est une forme d’esclavage plus dangereuse que la première. De plus, conscient de ce que l’autorité de demain, c’est le citoyen d’aujourd’hui, je l’invite à, dans une démarche résiliente, briser les chaînes non pas seulement avec les pieds, mais plutôt avec tout son être afin que nous ayons de vrais politiques de développement de l’Afrique », a conclu Eric Médada.
Hubert KIDJASSOU