‘’Nouveau Mali, en route pour vaincre l’héritage français’’ est le titre du film documentaire produit pour révéler les manœuvres de la France qui visent à exploiter et affaiblir le Mali depuis la colonisation jusqu’à nos jours. C’est un reportage exclusif qui informe et conscientise les Maliens et tous ceux qui ont le souhait de voir le Mali se libérer du joug français et de prendre en main son destin.
Ce film documentaire de 44 minutes 18 secondes est une production de Caspian Broadcasting Corporation (CBC TV) Bakou, en Azerbaijan. Vugar Khalilov est le producteur général et la distribution est assurée par Yeelen Communication et Malibook.net.
Cette production cinématographique aborde tous les aspects de la vie politique, économique, sociale, culturelle et sécuritaire affaiblis par la France au Mali et qui sont en train d’être pris en main par les nouvelles autorités en place en vue de reconquérir la souveraineté du pays, mais aussi pour un développement réel du Mali.
Sur les plans historique, politique et culturel
L’empire du Mali était un vaste territoire qui englobait la Gambie, le Burkina Faso, la Guinée, une partie du Sénégal, du Bénin et du Togo. Le film démontre que la France avec sa politique de prédation a envahi de force le territoire du Mali en détruisant tous les empires et l’organisation interne qui permettait aux populations de toutes les ethnies de vivre en communion et en harmonie. C’est dire que la colonisation française au Mali n’a pas été du tout aisée pour les populations maliennes. La France régnait en maître et sans partage au Mali. Cette domination française a été toujours rustre et émaillée de sang. C’est la raison fondamentale de la résistance du peuple malien à cette forme de gouvernance qui avilit et prive les populations de toutes les richesses qui devraient leur assurer le bien-être. Or, les Maliens de nature constituent un peuple combatif, ancré dans sa culture et attaché à sa terre. Le film parle de la résistance farouche à cette domination française avec de grands hommes qui ont donné la preuve de leur attachement à la terre de leurs ancêtres comme Almany Samory Touré et que cette volonté et cette détermination des Maliens à combattre les envahisseurs demeurent toujours au sein de la population.
L’attitude de la France n’est pas appréciée par les Maliens. Elle viole allègrement les droits de l’homme et cherche toujours à donner les leçons de la protection des droits humains aux Maliens. Le film explique que le Mali est la première nation dans le monde à rédiger en 1236 la première charte des droits de l’homme sous l’empereur Soundiata Keita, mais heureusement, ce document appelé la charte Mandé est classé aujourd’hui au patrimoine mondial de l’Unesco. En réalité, la France n’a pas enseigné les droits de l’homme au Mali. Elle s’était imposée aux populations maliennes avec des lois et une organisation qui ne protégeaient pas l’être humain. Au contraire, cette colonisation a détruit l’organisation politique, sociale, institutionnelle, économique et sécuritaire de ce vaste empire privant les populations de leurs libertés individuelles et collectives. Les lois qui régissent désormais le territoire et la vie des Maliens sont françaises et n’ont rien à avoir avec les cultures, les traditions et la civilisation maliennes. Du coup, des frictions et des déceptions ont été enregistrées de part et d’autre dans les communautés maliennes.
Le film fait savoir que le Mali dispose d’un patrimoine historique et culturel très riche envié et qui se distingue de celui du reste du monde. Cette production cinématographique dévoile malheureusement que la colonisation avait fait main basse sur ce riche patrimoine en empêchant le Mali de briller dans le monde à travers sa culture et son patrimoine. De ce fait, le pays a perdu certaines de ses valeurs et peine aujourd’hui à les reconstituer. C’est le cas des œuvres d’art pillées au Mali par les colons français et qui enrichissent les musées et les collections privées en France et dans plusieurs autres pays occidentaux. La production cinématographique souligne que les français ont employé des méthodes de mensonges, de manipulations, de ruse et de mauvaise foi pour s’emparer des objets d’art des mains des Maliens. Elle décrit que certaines personnes en arrivant au Mali se présentaient comme étant des médecins, des militaires et des administrateurs coloniaux français. Elles se transformaient du coup en archéologues pour piller les biens culturels du peuple malien.
Le Mali dans la période des deux guerres mondiales et l’indépendance
Le film évoque aussi les guerres dans lesquelles les Africains ont été impliqués par la France sans comprendre réellement les raisons de leur présence dans des affrontements meurtriers. La première moitié du 20ème siècle a été marquée par les deuxièmes guerres et les transformations violentes du monde. La France s’était aussi lancée dans les guerres, mais elle n’arrivait pas à avoir le dessus sur ses envahisseurs. Le pays était totalement détruit. Les pertes en vies humaines étaient innombrables. La France, l’une des puissances militaires du monde, était venue recruter de nombreux Africains dont des Maliens pour les engager dans des guerres qui ne les concernaient pas. Beaucoup d’Africains ont perdu la vie sur les terrains de guerre pour la France. Le film raconte que les survivants, de retour sur le sol africain, avaient réclamé leurs soldes. Pour toute réponse, les militaires français avaient ouvert le feu sur les anciens combattants au camp Thiaroy au Sénégal. Un véritable massacre qui n’a jamais ému les autorités françaises et les auteurs de ces atrocités n’ont jamais été sanctionnés. Plus d’une centaine d’anciens combattants ont connu la barbarie de l’armée française dans cette opération meurtrière.
En 1945, la France décide de décoloniser l’Afrique et de leur accorder l’indépendance. Ainsi, de 1958 à 1960, plusieurs territoires coloniaux de la France sont devenus indépendants. Le producteur de ce film estime qu’il s’agissait d’une supercherie qui mettait toujours les Etats dits indépendants dans le joug de la France et qui ne doivent pas jouir de la liberté et de l’autonomie. La souveraineté tant clamée n’est qu’un mirage aux yeux des Africains. Le film dénonce le système cynique de la Françafrique qui est une autre forme de la colonisation imposée par la France pour dépouiller les Etats nouvellement indépendants. Dans les accords entre la France et les Etats Africains, tout est mis en œuvre pour que l’Hexagone bénéficie de tout et presque rien pour les Africains. Le système consiste tout d’abord à installer des gouvernements avec des hommes sans conviction et sans vision et qui permettent à la France de piller le sol et le sous-sol africains de leurs richesses tout en gardant le silence sur les actes de corruption, de népotisme et de dictature, révèle le film. Ensuite, cette production signale que les présidents qui s’opposent à la volonté de la France sont désavoués et éliminés. Le film cite l’exemple de Modibo Keita, le premier président du Mali, un homme de vision, soucieux du développement de son pays.
Le volet économique
Le film documentaire informe que le président Modibo Keita avait compris tôt que le franc CFA n’est pas une monnaie qui peut développer son pays et avait créé le franc malien pour se libérer de la domination économique de la France. Il avait subi des pressions et des menaces, mais avait refusé de fléchir. Il avait choisi la voie du socialisme et grâce à son dynamisme et son patriotisme, il avait enclenché le développement industriel du Mali. Modibo Keita avait installé des usines pour produire des huiles consommables, des savons, du beurre de karité, des aliments de bétail etc. les usines avaient à un moment donné des problèmes de pièces de rechange. La France refusait de les fournir au Mali, fait savoir le film. Quelque temps après, le président Modibo Keita est renversé par le lieutenant Moussa Traoré. Les usines sont fermées. Le Mali demeure un pays non industrialisé car la France ne souhaite pas voir un pays africain s’industrialiser, regrette le film. Les secteurs économiques et industriels sont désuets, la pauvreté s’est installée dans le pays et la plupart des jeunes choisissent le chemin de l’exil, fait remarquer le film. Avant la colonisation, les Maliens cultivaient davantage le mil, le sorgho et d’autres produits agricoles de consommation. Malheureusement, le colonisateur français a forcé la main aux paysans maliens à cultiver le coton pour les besoins de la France au détriment des produits alimentaires. Ainsi, le pays est envahi par les produits étrangers notamment français. C’est le cas du pain. Cet aliment se retrouve dans tous les coins même les plus reculés du pays et alors que le Mali ne cultive pas le blé. Le film annonce que les dégâts causés par la colonisation française dans le secteur agricole au Mali sont encore vivaces et palpables. Il explique que les terres agricoles sont infertiles et mortes en raison de l’utilisation des produits chimiques comme de l’engrais et des intrants et que l’agriculture n’étant plus rentable, beaucoup de paysans se sont mis à vendre leurs terres et à se livrer à l’exode rural. Le paysan malien est devenu un esclave au service de la France. Il cultive, mais les 80% des recettes sont conservées par la France par le jeu du franc CFA, a déploré un agriculteur dans le film. Il a abordé le cas des maladies cutanées et respiratoires dont sont victimes les paysans à cause des produits chimiques agricoles. Aujourd’hui, il n’est plus aisé de convaincre un paysan malien de cultiver les terres sans l’utilisation des produits chimiques, se désole-t-il. Pour lui, la mentalité du colonisé ne permet pas à l’Afrique de sortir de l’asservissement.
Sur le plan de l’éducation
Le peuple malien n’a plus de repère du fait de la politique d’asservissement, d’exploitation et d’appauvrissement de la France. L’école a perdu sa mission. Elle ne s’occupe plus de la formation du citoyen au sens du patriotisme afin que ce dernier se consacre à défendre les valeurs et la culture de son pays. L’instruction civique et morale a déserté l’école malienne. L’enseignement dans les écoles était basé sur les valeurs de la France et le néo-colonialisme. Tout discours doit provenir d’une démagogie néocoloniale. En voyant le danger venir, les autorités maliennes ont changé le programme scolaire en s’appuyant sur les valeurs du pays dans l’enseignement, a constaté le réalisateur du film. Les Maliens ont alors fait le choix du retour à leur culture et à leurs traditions en s’adressant à leurs compatriotes dans leurs langues nationales afin de toucher l’esprit et le cœur de chaque citoyen, se réjouit le film.
Sur le plan sécuritaire
La guerre a commencé en 2012 au Mali après la destruction de la Libye et l’assassinat du guide libyen Mouammar Al-Kadhafi. Des mercenaires lourdement armés se sont précipités au Mali avec l’intention de créer un Etat dans le nord du pays. A leur suite, il y a eu l’invasion des djihadistes tous des terroristes qui imposaient la charia, la loi islamique. L’opération Serval mise en place à la hâte par la France pour sauver le Mali n’a pas été un succès. Les Touaregs, avec l’aide de la France, se sont introduits au Mali pour provoquer sa déstabilisation. L’opération Barkhane qui a remplacé Serval n’a fait qu’aggraver la sécurité au Mali. On observait l’avancée de plus en plus des terroristes dans le pays. Dans le même temps, les affaires des entreprises françaises au Mali connaissaient une hausse exponentielle, a noté le réalisateur du film. Il y a eu 49 soldats français tués sur le terrain, pas pour le Mali, mais plutôt pour défendre les intérêts des entreprises françaises, a-t-il remarqué. Alors, il est à comprendre que l’armée française était venue au Mali pour protéger et défendre les intérêts de la France. Malheureusement, les autorités françaises ne n’évoquent jamais le nombre élevé des civils maliens tués par l’armée française sur le sol malien, a fait savoir le film. En effet, l’armée française prenait le Mali comme un terrain conquis et pouvait dicter sa loi à qui elle voulait et comme elle voulait. Dans le film, le premier ministre malien, Docteur Choguel Kokalla Maïga, s’est offusqué pour le fait que l’armée malienne ne pouvait pas accéder à certaines régions du Mali sans l’autorisation de l’armée française. Dans le même temps, l’insécurité gagnait du terrain, l’Etat malien se dirigeait vers sa disparition. Devant cette dangereuse situation, les nouvelles autorités maliennes, avec à leur tête le colonel Assimi Goïta, ont pris des mesures qui fixent les objectifs clairs et précis pour le Mali, a expliqué le premier ministre malien dans le film. Il s’agit de la reconquête de la souveraineté du Mali, de la liberté aux autorités de choisir les partenaires du Mali et de la défense des intérêts des Maliens. Ainsi, le premier ministre malien a reconnu dans le film que le gouvernement a signé des accords de coopération avec la Russie pour l’achat des équipements militaires et la formation des éléments des forces armées et de sécurité et que depuis, la peur a changé de camp. Les terroristes sont déroutés, plusieurs régions occupées par les forces du mal sont reconquises, la paix et la tranquillité sont de retour dans le pays, a-t-il affirmé.
Il faut reconnaitre aujourd’hui qu’avec le Mali, la France a perdu la face et sa crédibilité en Afrique. Malheureusement, les autorités françaises n’ont pas encore compris que les Africains d’aujourd’hui n’acceptent plus le diktat de l’occident et surtout celui de la France. C’est avec grand regret que les Africains remarquent que la France veut toujours employer les méthodes coloniales dans ses relations avec les pays africains. Elle cherche toujours à infantiliser les Africains et à maintenir son paternalisme sur les Etats africains. Elle ne désire pas que les Africains décide pour eux-mêmes et gérer leurs pays pour eux-mêmes. Cette impertinence provoque des crispations dans les relations entre la France et les Etats africains. Malgré les péripéties traversées par le Mali, le pays s’est tourné résolument vers l’avenir pour reconquérir sa dignité et changer le visage de l’Afrique.
Jean-Discipline Adjomassokou