Le cimetière de Vassého est situé dans la commune de Ouidah à une quarantaine de kilomètres de Cotonou au sud ouest du Bénin. Il accueille quotidiennement des dépouilles mortelles. Mais pour y accéder, c’est la croix et la bannière.
Le jeudi 17 septembre 2020, une fine pluie s’était abattue sur les villes de Cotonou et de Ouidah. Plus d’une dizaine de corps étaient attendus pour être inhumés au cimetière de Vassého au cours de cette journée. A 11h 30 minutes, la route qui accède au cimetière était boueuse. Elle est constituée de la latérite. L’état de la route ne permettait pas d’accueillir tous les parents et amis qui accompagnaient leurs défunts. Les voitures se mettaient en file indienne, mais le rang n’avançait pas. Quelques conducteurs indélicats sortaient du rang pour former une autre file sur cette route exigüe. C’est un embouteillage monstre qui s’observait sur ce chemin. Les véhicules ne roulaient plus. Le ton montait de part et d’autre suivi des klaxons assourdissants des voitures. Chacun montrait qu’il avait raison même s’il était fautif. Plusieurs corbillards étaient garés dans les rangs avec des cercueils contenant des corps. Aucun agent de sécurité n’était présent pour mettre de l’ordre. Chacun faisait ce qu’il voulait et ce qu’il pouvait pour sortir de ce bourbier. Certains occupants des voitures avaient décidé de continuer le reste du trajet à pied. Un exercice pas du tout facile. La boue glissante rendait la marche difficile. Les femmes surtout n’en parvenaient pas. Certains parents avaient pris l’option de transporter les cercueils sur la tête jusqu’à l’intérieur du cimetière. La pluie avait repris de plus bel. C’était la débandade pour regagner l’intérieur des voitures. « Que fait la mairie de Ouidah pour ne pas s’occuper de cette route ? », s’interrogeait Mesmin Gnondé, un citoyen venu de Cotonou. « La mairie de Ouidah perçoit deux cent mille francs (200 000 FCFA) pour une fosse avant d’enterrer un mort. Pourtant, la route est à l’abandon », lançait un jeune homme à la foule.
Nécessité de construire la voie du cimetière de Vassého
La pluie avait cessé de tomber. L’inondation s’était érigée sur la voie. Quelques bonnes volontés, les pantalons pliés aux genoux et les pieds plongés dans la boue, tentaient de mettre de l’ordre pour faciliter la circulation. Ainsi, la foule de voitures bougeaient tout doucement. « Avons-nous besoin de souffrir si tant avant d’inhumer nos parents ? », demandait dame Eugénie Kpatènon, les chaussures en main et les pieds dans la boue. A l’intérieur du cimetière, c’est toujours la même scène qui s’observait. L’eau dictait sa loi. Le sol était inondé et il était difficile de se frayer facilement un chemin pour parvenir à la fosse destinée à accueillir les morts. « Nous enterrons au moins une vingtaine de corps par jour. Les usagers se plaignent toujours de l’état de la route du cimetière. Les autorités communales font toujours la sourde oreille », expliquait un fossoyeur. « La mairie pouvait construire une voie pavée munie de caniveaux pour soulager les usagers du cimetière », proposait madame Augustine Adjovi qui venait de mettre sa mère sous terre.
Jean-Discipline Adjomassokou