Les accidents de la route sont très souvent enregistrés dans le rang des conducteurs de taxi interurbain. Guillaume Tchiakpè, un des responsables de l’Union nationale des conducteurs du Bénin (Unacob) et Coordonnateur de la gare routière Dantokpa A, estime, dans cet entretien, que le manque de repos est souvent à l’origine des accidents de la route au niveau de la plupart des conducteurs.
Les accidents de la route sont de plus en plus récurrents au Bénin. Selon vous, quels en sont les facteurs ?
Il y a surtout des facteurs humains. Si un chauffeur veut faire plusieurs trafics à la fois et alors qu’il est sous l’effet de la fatigue, il peut causer un accident de la route. Lorsque le chauffeur n’a pas tellement la maitrise du volant, il est dans ce cas sujet à un accident de la route. La défaillance du véhicule et la surcharge sont aussi des causes des accidents. Le non respect du code de la route fait partie des facteurs importants des accidents.
Quelle est souvent l’attitude des conducteurs lorsqu’un accident de la route survient ?
Après un accident, les chauffeurs courent souvent pour aller se présenter à un poste de police ou à une brigade de gendarmerie la plus proche pour signaler l’accident. Etant donné que la plupart des chauffeurs ne respectent pas le code de la route, ils fuient en abandonnant les véhicules pour aller se mettre sous la protection des forces de l’ordre.
Bénéficient-ils réellement de la protection des agents des forces de sécurité ?
Oui. C’est absolument du devoir des agents des forces de sécurité de protéger les chauffeurs ayant provoqué un accident pour éviter de les livrer aux affres de la justice populaire. Les agents mettent les chauffeurs indélicats à l’abri, procèdent aux opérations de constats, le procès-verbal est envoyé ensuite au parquet du lieu de l’accident, le procès se tient et le verdict est prononcé. Si le chauffeur est fautif, il est condamné au paiement d’amende. Si la faute est grave c’est-à-dire si c’est par exemple un accident mortel, le chauffeur peut écoper d’une peine de prison.
Ces conducteurs indélicats sont-ils encore acceptés dans vos rangs après avoir purgé leurs peines en prison ?
Oui. Ils réintègrent le rang des chauffeurs parce qu’après un accident le Centre national de sécurité routière (Cnsr) leur retire le permis de conduire. Dans ce cas, pour recupérer un permis de conduire, une séance est organisée par le Cnsr au cours de laquelle le chauffeur indélicat est convoqué. Ce dernier est soumis à d’intenses questions pour expliquer les conditions dans lesquelles l’accident s’est produit. Ses réponses permettent de savoir si la faute provient de lui ou pas. Ainsi, la commission peut décider de rejeter la séance dans quelques mois ou dans un an. Ces séances nous permettent aussi de sensibiliser les chauffeurs tous les lundis matin sur le respect du code de la route, sur l’entretien des véhicules et surtout sur tous les comportements déviants qui entrainent les accidents de la route.
Pensez-vous qu’ils respectent vos consignes ?
Nous savons qu’ils nous suivent parce que tous les lundis matin ils viennent sur les gares routières pour écouter nos conseils et aussi pour nous poser des questions sur les comportements à éviter sur la route. Vous savez que nous n’avons pas appris autre chose que de tenir le volant d’une voiture. Donc, ils sont tenus de nous écouter pour préserver leur emploi et leur vie contre les dangers de la route. Nous faisons aussi appel à nos ainés dans le métier qui informent les jeunes chauffeurs sur les bonnes pratiques de la conduite. Les accidents de la route ne sont pas fréquents au niveau des chauffeurs qui chargent les passagers sur nos gares routières. Ce sont souvent les chauffeurs qui ne viennent pas sur les gares routières qui sont souvent à l’origine des accidents de la route. Ils ne se reposent pas. Ils cherchent à faire plusieurs navettes sans un minimum de pause. Et après, sur le volant, ils sont emportés par la fatigue et l’accident survient. C’est pourquoi nous exigeons à tous les chauffeurs à venir faire les chargements sur les parcs et ainsi, lorsque ce n’est pas encore leur tour de charger les passagers, nous leur demandons de dormir pour récupérer un peu d’énergie et de force.
Il y en a qui conduisent sous l’effet de l’alcool. Que faites-vous contre ces conducteurs ?
La consommation de l’alcool est strictement interdite aux chauffeurs. Les agents chargeurs veillent au grain sur nos parcs. Celui qui est surpris avec l’alcool ne peut plus conduire chez nous. Nous demandons aussi aux passagers de nous informer sur ce genre de situation parce qu’un chauffeur qui est sous l’emprise de l’alcool ne possède plus toutes ses facultés. Il oublie même qu’il a en main la vie de plusieurs personnes.
Quels sont vos conseils à l’endroit des conducteurs ?
Je voudrais leur demander de venir faire leurs chargements sur les parcs, c’est un gage de sécurité, et de protection et qu’ils évitent tout comportement qui pourrait mettre leur vie et celle des passagers et des usagers de la route en danger.
Propos recueillis par Jean-Discipline Adjomassokou