La vidange des fosses sceptiques est une nécessité aujourd’hui dans nos maisons. Mais c’est un travail qui n’est toujours pas facile pour les vidangeurs qui rencontrent d’énormes difficultés dans l’exercice de leurs activités. Monsieur Elie Assouvi est un vidangeur à Cotonou. Il nous explique dans cette interview comment il exerce son travail.
Comment se déroule votre travail de vidange?
Mon travail se déroule à deux niveaux. Lorsque le client vient vers nous, il doit préciser s’il s’agit de faire la vidange des toilettes sanitaires ou de Water-closet (W.-C.) ordinaire. Si c’est un W.-C. ordinaire, je lui demande si la fosse est de 6 m3 ou de 12 m3 et je lui présente les tarifs et c’est à lui-même de faire son choix.
Y a-t-il une technique pour faire la vidange des W.-C. ordinaires ?
Lorsque nous arrivons sur les lieux, nous vérifions si le W.-C. ordinaire n’est pas rempli d’eau et j’y introduis une barre de fer pour mesurer le niveau du remplissage. Je cherche ensuite les fuites à travers lesquelles l’eau rentre dans le W.-C ordinaire. Si le client souhaite que nous lui fassions le curage du W.-C., nous revenons le soir pour rentrer dans la fosse. Nous ramassons tous les déchets avant de faire le nettoyage et nous réparons les issues par lesquelles l’eau rentre dans la fosse afin d’éviter d’autres ennuis au client.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de votre activité ?
Les difficultés que nous rencontrons sont énormes lorsqu’il s’agit de W.-C. ordinaire. Il arrive souvent que le client paye pour 6 m3 et lorsque nous arrivons sur les lieux nous constatons que c’est un W.-C. de 12 m3. Il y a des clients qui comprennent et payent le complément et nous leur faisons le travail. Par contre, il y en a qui ne comprennent pas et refusent de compléter le paiement. Dans ce cas, nous faisons la vidange de 6 m3 et nous repartons. Aussi, dans certaines maisons, les gens mettent beaucoup de déchets dans les W.-C. ordinaires comme des chaussures, des sachets, des slips, des couches de femme et de bébé, des boites de conserves, des bouteilles, des plastiques, des objets en bois et en fer etc. qui viennent boucher le raccord qui nous sert à pomper les excréments. Nous sommes chaque fois obligés d’arrêter le travail pour déboucher le raccord avec la main avant de continuer le travail. Si nous ne sommes pas vigilants, cela nous fait perdre assez de temps et met aussi en difficulté le moteur. Nous nous donnons assez au travail et cela n’est toujours pas facile.
Comment arrivez-vous à vous protéger contre les odeurs nauséabondes ?
Dans mon cas, je m’enlève de la tête qu’il s’agit des excréments humains. Je porte des gants. Mais j’évite de mettre un cache-nez car les odeurs restent dans le cache-nez et empêchent de respirer. Je ne me positionne pas dans la direction du vent toujours pour que je ne sente pas les odeurs. Au début, je me grattais le corps à la vue des excréments humains. Mais avec le temps, je ne sens plus rien. Et puis, je me lave avec de l’eau de javel et des produits désinfectants pour me débarrasser des souillures sur le corps. J’utilise aussi les parfums à forte senteur toujours pour éviter les odeurs sur le corps. Je change tous les jours mes habits de travail.
Que conseillez-vous aux propriétaires en matière de lieu d’aisance ? Est-ce les toilettes sanitaires ou les W.-C. ordinaires ?
Je conseille à tous ceux qui veulent construire leurs maisons de choisir les toilettes sanitaires et non les W.-C. ordinaires encore appelés latrines car les W.-C. ordinaires causent beaucoup de désagréments dans les maisons. Tout d’abord, ils se remplissent plus vite que les toilettes sanitaires et dégagent trop d’odeurs nauséabondes dans les maisons. L’odeur est permanente dans les maisons et rend la vie désagréable aux habitants, malgré tous les entretiens qu’on peut y apporter. Ensuite, il y a des locataires qui dégradent vite les W.-C. ordinaires en y jetant des objets, et aussi, l’eau de ces lieux d’aisance s’infiltre vite dans les puits si l’on ne respecte pas la distance nécessaire pour les construire et l’eau devient inutilisable. Par contre, s’il s’agit des toilettes modernes, l’entretien est plus facile et cela ne dégage pas d’odeur et puis, les gens n’ont pas la possibilité d’y jeter n’importe quel objet.
Propos recueillis pas Jean-Discipline Adjomassokou