Son comportement, ces dernières années confirme l’expression populaire qui traduit l’impression d’un dérèglement général « il n’y a plus de saison ». « Akaba toun agô bo djikou ». Mes excuses auprès de ceux qui ne comprennent pas cette langue. Au fait, en prévision d’une saison, le roi Akaba, a fait construire des greniers. Malheureusement, la saison visée était morte. Et en réponse à ce caprice du temps, le monarque du Danhomè, aurait dit ceci: « A une saison morte va succéder une bonne ».
Aujourd’hui, on a plus cette certitude, qu’une bonne saison, comme dans le vieux temps, est appelée à succéder à une mauvaise. La preuve, la saison des pluies passée a été catastrophique. Les effets sont là. Celle-ci ne promet rien. Donc, presque deux années consécutives de déficits pluviométriques. Il faut des spécialistes pour être sûr, que le Bénin, dans son histoire récente a connu une pareille situation. Ceux qui, justement, ont la charge de la mise en œuvre de l’adaptation doivent entrer en scène. L’adage du roi Akaba, confirme d’ailleurs, que les problèmes liés à la pluie ne datent pas d’aujourd’hui. Dans la zone de Bohicon et d’Abomey, on cultivait le sorgho, à une centaine époque. Ces grains étaient la proie de petits oiseaux appelés tisserins. Enfants, nous étions déposés comme des mannequins dans ces champs en vue d’effrayer ces petits oiseaux voraces. La saison qui permettait cette culture ayant disparu, point de sorgho ni de tisserins. Il faut aller loin, si l’envie de sorgho vous prend. Il faut maintenant des livres pour montrer aux enfants d’aujourd’hui à quoi ressemble un tisserin.
Il est évident que la perturbation des saisons va avoir de sérieuses conséquences sur nos habitudes alimentaires. Il ne s’agit plus, si on est conséquent envers nous-mêmes d’attendre 90 jours avant de récolter le maïs. La recherche doit offrir des alternatives pour un maïs prêt à être récolté au bout de 30 à 45 jours si on veut rester en accord avec des saisons de pluie qui se rétrécissent d’années en années. Le royaume d’Abomey, à ce qu’il paraît, a été frappé dans les années 1929 par une très longue sécheresse sous le roi Agadja. Pour éviter que cela ne se répète, le Souverain a fait construire tout autour de son royaume ce qu’on appelle encore aujourd’hui » dotô ». Des trous à grands diamètres en vue de faire de la rétention d’eau de pluie pour autre usage que la consommation. Les puits et les citernes en sont la version améliorée. Quotidiennement, il faut s’attendre à s’ajuster surtout face à la nature. Comme la nourriture, l’eau aussi va manquer. Elle ne tombera plus en quantité pour recharger la nappe phréatique. Et l’on entend partout s’élever les mêmes interrogations, que faire en cas de changement climatique ? Il faut maintenant tout imaginer et tout inventer. Diriger, c’est prévoir. A tous ces professeurs, Eustache Bokonon Ganta, Michel Boko, Emmanuel Lawin, Expédit Vissin et autres, merci pour les savoirs transmis.
Didier Hubert MADAFIME