Au-delà des mots et des maux, numéro 20, le maïs est devenu de la nivaquine. Ce bout de phrase aurait pu être le refrain d’un tube du mois de mai, tellement, il est répété un peu partout ces derniers temps, sauf qu’ici, on n’est pas dans le divertissement. C’est bien plus grave et certains peuvent s’interroger sur le lien entre les deux. L’un est amer au goût, l’autre à l’achat. C’est juste une image. De quoi s’agit il en fait ? Pendant un bon moment, le prix du maïs sur le marché a tourné autour de 175 frs, « le tohoungolo », la petite mesure. Et puis, un matin, vlan, ce prix a plus que doublé, passant d’un trait à 300 frs. De quoi réveiller les vieux souvenirs. À une certaine époque, en effet, la petite mesure du maïs a été vendu à 1000 frs. C’était un véritable coup de couteau dans le bien-vivre des hommes à cette époque, le maïs étant l’aliment de base pour plusieurs communautés. C’est de là que remonte la comparaison entre les deux : le maïs et la nivaquine. Pour se sauver, il a fallu quelques acrobaties pour ceux qui ont subi ce traumatisme. » Le guèhoun », c’est-à-dire, la farine de manioc, qui n’était pas consommée au sud du Bénin, a été d’un véritable secours. Certaines personnes ne pouvant plus se permettre une pâte, entièrement faite avec la farine de maïs y ajoutaient celle de manioc. Il faut aussi, en maîtriser la technique. Cette adaptation a sauvé plusieurs personnes de la faim. On se rend compte aujourd’hui que la révolution aurait pu aller plus loin, s’il n’y avait pas cette histoire de la faim, qui est venue se greffer sur les autres déviances de ce système. Dans l’histoire des peuples, la faim a toujours été le terreau des révolutions les plus violentes. Le printemps arabe est toujours dans la tête de ceux qui l’ont vécu ainsi que 2007 et 2008 où la planète a été secouée par les émeutes de la faim avec ses nombreux morts. Le Ministre de l’agriculture doit donc, trouver, très rapidement un mécanisme pour faire baisser la fièvre, qui s’est emparée du marché ces temps-ci. Le maïs n’est pas le seul à être atteint. Il est alors fondamental de retenir ceci, les peuples peuvent tout pardonner à leurs dirigeants mais jamais à ceux, qui les ont laissés dormir le soir le ventre vide. C’est ce que je crois.
Didier Hubert MADAFIME