La construction du 4ème pont d’Abidjan ne se fera pas sans dégâts. Des milliers d’habitants des quartiers Boribana, Jean-Paul 2, Fromager et Santé 3, dans la commune d’Attécoubé ainsi que Mairie 1 à Adjamé, sont appelés à quitter, avant le 19 mai 2021, leurs habitations parce que situées sur l’emprise du projet du 4ème pont d’Abidjan en cours de construction.
L’emprise concernée s’étend sur une douzaine d’hectares recouvrant au total 1 185 bâtis, selon le tableau présenté par la Cellule de coordination du Projet de transport urbain (PTUA), en charge de l’exécution du projet. La facture d’indemnisation déjà payée s’élève à près d’un milliard de FCFA. D’autres opérations de démolition ont déjà eu lieu dans le cadre du même projet.
A une semaine du démarrage des opérations de démolition, le Secrétaire général de la préfecture d’Abidjan, André Kakou Martin, et une délégation du PTUA ont tenu mardi à s’informer sur le terrain des derniers obstacles résiduels. Une visite de terrain qui permet aussi de s’assurer que le débarquement des engins lourds peut se dérouler sans couac. Pour M. André Kakou, également président de la cellule d’exécution du Plan d’action et de réinstallation (PAR) des personnes impactées, la question n’est plus à la volonté de partir ou pas. « Nous sommes là pour faire l’état des lieux et voir si les populations ont commencé à libérer les bâtis, parce qu’on ne voudrait pas que ce soit au jour indiqué que les populations déplacent leurs bagages sur la tête. Ça ne fait pas humain », explique le Secrétaire général de la préfecture.
Sur place, au quartier Fromager, plusieurs constructions ont déjà été décoiffées. Dans une bâtisse servant d’église, des ouvriers amassent les derniers meubles qui pourraient être réutilisés. « C’est ok, nous partons », lancent-ils dans les échanges avec la délégation.
Entre des murs défraichis, certains couloirs du quartier, vidés de leur monde, sont progressivement transformés en dépotoirs d’ordures. Plus de 60% des habitants sont déjà partis.
« Tous les ayants-droits seront payés… »
Les derniers résidents sont ceux qui n’ont pas encore perçu leurs pécules d’indemnisation alors qu’ils ont été régulièrement recensés. Face à la délégation, Kouassi K. Léonard exprime vivement sa préoccupation.
« Mes deux voisins ont été indemnisés et sont partis. Mais moi, on me fait attendre. Je ne comprends plus rien », se plaint-il. A ceux-ci, le Secrétaire général de la préfecture assure que personne ne partira tant qu’il n’a pas reçu son argent. Il a lors enjoint la cellule de coordination de traiter ces dossiers en urgence, en tout cas avant le 19 mai. « Tout le monde sera payé. A partir du moment où vous avez signé le procès-verbal avec la cellule d’exécution, il n’y a pas de raison que vous ne soyez pas payé. Tout est une question de programmation », a assuré M. André Kakou Martin.
Les derniers résistants
Dame Hie Lou Eugénie, elle a un souci tout autre. Elle estime que le montant de l’indemnisation accordé est en deçà de la valeur réelle de son bâti. Son époux qui était l’interlocuteur du PTUA est aujourd’hui décédé. Elle souhaite donc la reprise des négociations pour une revue à la hausse des 4 millions de FCFA qui ont été promis.
Comme elle, une dizaine de propriétaires de bâtis, jugeant peu fiable l’expertise faite par la Cellule du PTUA ont refusé les montants proposés à titre d’indemnisation et confié l’affaire à des avocats.
« Ce sont des cas de plainte qui seront tranchées en dernier ressort par le tribunal quand toutes les négociations ont échoué », indique le chef de projet, Dosso Aboubakar Sidiki.
Célestin KOUADIO