Les populations Toffins mettent à la disposition des citoyens de la ville de Cotonou des barques motorisées pour faciliter leurs déplacements dans les quartiers d’Akpakpa et ceux de la zone du marché Dantokpa et de ses alentours. Ce projet date d’une dizaine années et fait le bonheur de la population de la capitale économique du Bénin.
Remplie de passagers, sous un vent presque impétueux, cette barque appelée ‘’Gbokpla’’ en langue toffin, prend son départ près de la base navale du quartier Ladji. Elle se faufile au milieu d’une vingtaine d’autre barques pour rejoindre l’autre rive du côté du quartier Akpakpa. Satisfait de l’embarquement de ces nombreux passagers, Roger Tossavi, le batelier, explique les motivations de sa décision à mettre les barques motorisées à la disposition des riverains pour les accompagner dans leur déplacement sur le lac Nokoué. Il déclare : « Nous avons constaté que presque tous les soirs à partir de 17h 30 min jusqu’à une certaine heure de la nuit, la circulation sur le nouveau pont de Cotonou devient de plus en plus un calvaire pour toute personne qui voudrait se rendre dans les autres quartiers de l’autre côté du lac Nokoué ». Ainsi, ce citoyen béninois a voulu soulager les peines de ses compatriotes en contribuant au développement du transport fluvial. « Nous avons mis des barques à la disposition de nos frères Toffins en particulier et à toute la population en général des deux rives pour leur permettre de gagner du temps et surtout et de faire un peu d’économie. Les passagers en ont pris goût et utilisent quotidiennement notre moyen de déplacement pour vaquer à leurs activités quotidiennes », poursuit-il. Aux dires de Tossavi, la plupart de ces usagers sont démunis et manquent de moyens pour payer les allers-retours avec les conducteurs de taxi-moto. Pour ce faire, ils préfèrent traverser le lac par barques à un prix forfaitaire de 100 FCFA à chaque traversée, un tarif quatre fois moins cher que les montants exigés par les conducteurs de taxi-moto qui prennent par le pont du marché Dantokpa.
Hyppolite Azindji, alias ‘’Caporal’’, un autre propriétaire de barque motorisée, abonde dans le même sens en décrétant la gratuité du transport pour tout enfant de moins de 12 ans à prendre à tout moment les barques. Ce qui est difficile voire impossible pour les conducteurs de taxi-ville et autres. Il confie : «Le transport de tous les enfants ici est gratuit depuis environ une décennie ». « Notre métier non seulement nous met à l’aise, mais aussi soulage surtout un grand nombre de personnes notamment les habitants des quartiers Vossa, Sainte-Cécile, Djidjè, Ladji et les autres quartiers d’Akpakpa », ajoute-t-il. Selon lui, depuis le démarrage de leur activité, les parents exclusivement Toffins ont exigé cette faveur à cause de leurs enfants écoliers et élèves qui n’ont d’autres choix que de traverser le lac pour se rendre à l’école.
À la destination, sur la rive accédant la zone industrielle Akpakpa, Samuel Attika, un passager vêtu d’une tenue traditionnelle déclare : « J’utilise toujours la barque toutes les fois que je décide de rendre visite à mes enfants de l’autre côté car en moins de cinq minutes, je traverse le lac en toute quiétude ». Ce vieux du haut de ses soixante années souligne que si des précautions nécessaires sont prises, il n’y a aucun risque pour ce métier dont il a pris congé récemment. Ce métier qui permet aux bateliers acteurs de joindre les deux bouts, était menacé dans un passé récent. Il connait aujourd’hui un développement inespéré et fait les beaux jours pour tous les amateurs.
Jean-Didier ESSEKA